Acide folique et spina bifida : les dernières découvertes de la science

Par Louise Casavant

Selon les plus récentes découvertes scientifiques, l’efficacité de l’acide folique dans la prévention du spina bifida pourrait être augmentée par certains suppléments, mais, à l’opposé, être diminuée par l’exposition au soleil.

Suppléments de nucléotides

Une équipe de recherche du Great Ormond Street Hospital (Royaume-Uni) croit qu’un supplément pris en début de grossesse, de concert avec ceux d’acide folique, peut aider à diminuer encore un peu plus le risque de malformations du tube neural.

Si la prise de suppléments d’acide folique avant et pendant les trois premiers mois de la grossesse a permis de diminuer l’incidence du spina bifida, elle n’est, comme chacun sait, pas parvenue à l’enrayer. Une des raisons évoquées est qu’un « blocage » génétique peut dans certains cas affecter la façon dont l’acide folique est métabolisé.

Le supplément testé contient des nucléotides (molécule organique qui est l’élément de base d’un acide nucléique tel que l’ADN ou l’ARN), qui ont la propriété d’outrepasser ce blocage, permettant par le fait même une plus grande efficacité de l’acide folique. Les tests effectués sur des souris ont montré une diminution en 85 % de l’incidence des malformations du tube neural avec l’utilisation de ce supplément.

Nicholas Greene, professeur au département de neurobiologie développementale à l’Institute of Child Health, partenaire de recherche du Great Ormond Street Hospital, commente : « Nous en sommes encore aux premiers stades de cette recherche, mais nous espérons que les résultats prometteurs obtenus sur des souris pourront éventuellement être reproduits chez l’humain. »

À noter que la même équipe de recherche a déjà démontré en 2010 que l’inositol, une molécule organique cyclique composée de six atomes de carbone et des six groupements hydroxyles, parfois à tort considérée comme une vitamine, pouvait augmenter l’efficacité des suppléments d’acide folique lorsque prise de concert avec eux.

Plus de choline

Par ailleurs, bon nombre d’études ont déjà démontré le rôle vital que joue la choline, nutriment essentiel généralement rangé dans la catégorie des vitamines B, dans l’alimentation des femmes enceintes pour éviter les malformations congénitales, dont celles du tube neural. Comparées aux femmes ayant un taux de choline suffisant dans leurs diètes, les femmes montrant de bas taux de choline dans leur alimentation courent quatre fois plus de risques d’avoir des bébés souffrant de malformations du tube neural, tel le spina bifida.

Mais de récentes recherches, dont les résultats ont été publiés dans le American Journal of Clinical Nutrition, tendent à montrer que les quantités nécessaires pour assurer le bon développement de l’embryon seraient plus grandes que ce qu’on croyait.

La choline est un élément essentiel à la fabrication du phosphatidylcholine, un composant essentiel à la constitution des membranes cellulaires. L’étude menée par le Dr Marie Caudill, professeur à la Division of Nutritional Sciences at Cornell University, a permis de mettre en évidence la demande plus grande que prévue de phosphatidylcholine pour le bon développement du fœtus. « Des résultats qui sont significatifs et qui pourraient mener à des recommandations d’augmenter les taux de choline dans la diète des femmes enceintes », soutient le Dr Caudill.

La choline joue aussi un rôle important dans le développement des parties du cerveau responsables de la mémoire et de la capacité d’apprendre à long terme. Les œufs en constituent l’apport le plus facile et le moins coûteux.

Rappelons cependant, tel que mentionné par Mme Sophie Bernard dans un article paru dans le Spinnaker à l’hiver 2013, qu’à l’heure actuelle moins de 30 % des femmes enceintes ou susceptibles de le devenir observent les recommandations en vigueur en lien avec les suppléments d’acide folique.

Acide folique et soleil ne font pas bon ménage

Par ailleurs, les femmes enceintes ou qui tentent de le devenir et qui suivent les recommandations concernant les suppléments d’acide folique pourraient voir les bénéfices liés à ce supplément diminuer de façon substantielle en raison de leur exposition au soleil.

Une étude effectuée à Brisbane (Australie) sur 45 jeunes femmes en santé âgées de 18 à 47 ans montre en effet que de fortes expositions au soleil peuvent entraîner une réduction allant jusqu’à 20 % des niveaux d’acide folique. Les femmes les plus à risque sont celles qui s’exposent au soleil durant les périodes où les rayons UV sont le plus puissants, soit entre 10 h et 15 h, et qui le font avec une protection solaire minimale.

Le professeur Michael Kimlin et le Dr David Borradale (Queensland University of Technology), qui ont mené l’étude, admettent que de plus amples recherches, incluant un essai clinique contrôlé, seront nécessaires pour confirmer ces résultats préliminaires. Pour l’instant, on se contente de conseiller aux futures mères de continuer à suivre les recommandations d’usage concernant les suppléments d’acide folique et d’éviter de s’exposer au soleil sans protection solaire, surtout entre 10 et 15 h.